05/04/2011

"Cette notion complexe de simplicité..."

La première fois que j'ai entendu cette phrase elle m'a bien fait rigoler. Si la simplicité est complexe, alors qu'est-ce qui ne l'est pas ?.. Et puis il m'est arrivé deux choses qui font que aujourd'hui j'ai envie de partager avec vous ce que j'ai appris sur le sujet.

Premièrement, j'ai été confrontée aux questions de simplification directement, lors d'une mission dont j'ai un peu parlé ici. A la discussion avec plusieurs personnes sur le sujet je suis arrivée à la conclusion suivante. Il y a une confusion énorme autour du concept de la simplicité, qui fait que ce mot ne veut plus rien dire : c'est à la fois tout et rien, et se présente à la fois comme une panacée (ce serait tellement bien si tout était simple !) et un bullshit word même pas à la mode (pas nouveau, fait pas rêver, et puis on ne voit pas trop comment faire, donc c'est nul !) Bref, un gros n'importe quoi et on n'avance pas. Super énervant.

La deuxième chose est un livre qui m'est tombé entre les pattes après de multiples grognements suite au premier constat (merci à mes collègues qui me l'ont prêté). Il s'agit de The Laws of Simplicity de John Maeda, un livre qui tente de définir ce qui fait que les choses sont simples - ou pas. 
Voici les principales choses que j'en retiens, qui sont pour moi fondamentales dans la définition opérationnelle de la simplicité.

1. Il n'existe pas de simplicité ou de simplification dans l'absolu.

  • Quand on parle de simplification, c'est la simplification de quoi ? pour qui ? A quel prix ?
  • Tout ne peut pas être simple, qu'est-ce qui n'est pas simplifiable ? Et qu'est-ce que l'on choisit de ne pas simplifier ? ex : l'iPhone est très simple pour l'utilisateur et extrêmement complexe a l'intérieur, du simple partout serait une erreur. Pareil dans la relation client et le management, on peut garder la complexité interne, mais on peut agir sur les interfaces. (hum, au fond c'est un sujet très vente complexe et très mondes, aïe !)
  • Aussi, j'ai l'intuition que simplifier pour soi est très peu faisable dans la grande majorité des cas : pas assez de pouvoir sur ce qui nous arrive au-delà de l'organisation personnelle (ce qui est, au passage, déjà pas mal). En revanche, simplifier ce que nous faisons pour les autres est tout à fait sous notre contrôle, pour le moins dans une certaine limite.


2. La simplicité s'atteint en supprimant l'évident et en ajoutant ce qui a du sens. 
Voici quelques principes.

  • Réduction selon la méthode SHE = Shrink (supprimer les fonctionnalités inutiles), Hide (ne montrer que l'essentiel), Embody (trouver un moyen de valoriser ce qui reste). Ex : l'iPod (désolé pour trop de références Apple, mais bon, eux ils ont bien compris conmment ça marche, et puis j'a les illustrations direct devant moi) - peu de boutons, design simplissime, principe d'utilisation basique, succès énorme.  
  • Eloignement : faire de sorte que l'on ne perçoit que l'interface extrêmement simple, comme pour Google dont l'infrastructure et les machines sont bien loin de nous. Ne reste que l'écran blanc avec une ligne pour les mots clés et 2 boutons.
  • Organisation : avoir peu de catégories pour une multitude d'objets donne l'impression de manipuler moins de choses. Ranger des mots dans des colonnes, ranger des affaires dans les placards, ranger les ffres de services en catégories rend les choses plus simples.
  • Choix conscients entre la simplicité et la complexité, car les deux doivent être présentes pour exister. C'est comme le bien est le mal, si tout est simple, comment reconnait-on la simplicité?
  • Apprentissage : mieux on sait comment s'y prendre, moins on se prend la tête et plus s'est simple. Après quelques années de conduite quotidienne, à voiture égale, on a moins de mal à faire le créneau qu'un parisien moyen qui passe sa vie dans le métro.
  • Gains de temps, si possible, ou attente davantage supportable (ex. status bar, estimation de temps d'attente au téléphone, magazines en salle d'attente du medecin)
  • Confiance : simplifier signifie enlever le contrôle d'un certain nombre de choses, que quelqu'un d'autre ou quelque chose d'autre fera désormais pour nous. Je peux me simplifier la tâche à ne pas choisir la couleur et la coupe de me cheveux - mais our ça il faut que je fasse sacrément confiance à la coiffeuse !


3. Emotion : peu importe que ce soit simple ou pas ; l'essentiel est que les gens aiment.


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Voici l'essentiel. Franchement, vu comme ça, la simplicité n'est pas quelque chose de complexe, ni spécifique.  
Les principes sont tout à fait actionnables dans tous les domaines : design et lancement des produits et services, vente, communication, relation clients, management et gouvernance des organisations, gestion des projets. 
La mise en oeuvre est un peu plus compliquée, en effet, car nécessite du boulot au niveau de l'état d'esprit et la focalisation sur le 'client' de la simplification, mais pour ça j'ai justement ma perceuse universelle, donc no panic !

Si vous  un ou plusieurs trucs vous ont interpellé ou vous ont été utiles, j'appréciérais un feedback. Si non, j'appreciérais un feedback quand même :)

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