15/05/2011

Causal loop diagram : ce que c'est et pourquoi c'est génial

Au départ j'ai voulu faire un super méga long article sur autre chose, mais après réflexion je me suis dit que le mode de représentation que je compte commenter mérite un article à part (et, accessoirement, permettra de raccourcir l'article cible), donc voilà, l'article méga long va attendre un peu :)

Alors, le causal loop diagram. A vrai dire, je n'ai pas trouvé de nom français pour cette sympathique chose, et dans des pages françaises, citées par Google, on n'en parle quasiment pas. Sur la page Wikipedia on peut trouver quelques trucs (complètement incompréhensibles, à mon sens), et c'est à peu près tout. 

Pour faire simple, c'est un mode de représentation d'un système de causes et effets, qui sont souvent fortement liés entre eux dans le fonctionnement d'une personne ou d'une organisation. Le plus simple est que je vous donne un exemple, et vous allez comprendre très vite.

Voici un modèle basé sur l'analyse du comportement des 99% des filles que je connais, moi y compris.

Ce type de présentation, même s'il est difficilement montrable au client dans un powerpoint de fin de diagnostic, peut nous fournir à toute étape de l'analyse des informations précieuses à plusieurs niveaux :

  1. Les relations entre les différents types de problématiques dans une organisation, ce qui permet d'élargir son champ de vision au lieu de se focaliser uniquement sur un coté de la problématique, comme la fille que j'ai entendue l'autre jour dans la file d'attente aux Galéries Lafayette raconter à sa copine qu'elle ne va acheter que de la taille 38 jusqu'à ce qu'elle rentre dedans, sans parler de changement d'alimentation etc
  2. La problématique centrale, qui génère tous les choix - dans notre exemple c'est, en toute apparence, un problème de stress qui déclenche les autres comportements plus ou moins malins. C'est cette problématique qui doit être traitée en priorité, car le traitement de tout le reste ne reviendrait qu'au traitement palliatif des conséquences. 
  3. La distinctions entre les choix, conscients ou inconscients, et leurs conséquences. Grossir ou trop dépenser quand on est stressée n'est pas une fatalité, c'est le choix de lutter contre le stress avec le chocolat ou les achats fait ces effets-là. Du coup on sait sur quoi on peut agir, voire même il devient possible de prédire les effets de changements. Et comme acheter de la taille 38 ne change rien à la décision d'acheter des choses, ni à la décision de manger du chocolat... je me risquerais de prédire que dans l'exemple cité l'effet sera nul ! (ou presque, soyons positifs...)
  4. Les cercles vertueux et les cercles vicieux. Dans le schéma précédent on ne voit que des cercles vicieux. Je suis stressée > je mange du chocolat > je culpabilise > je suis encore plus stressée > je mange plus de chocolat etc. etc.  A chaque itération du cycle la boucle négative renforce l'effet négatif qui l'a généré. La fille de mon exemple, fait même plus fort, elle ajoute un nouveau cycle vicieux à son mal-être : je me sens moche > je fais du shopping > je ne rentre pas dans mes nouveaux vêtements > je me sens doublement moche > etc... - et, en plus, elle va ainsi nourrir ainsi tous les autres cercles vicieux du système, car, croyez-moi, une fille qui se sent doublement moche est _hyper_ stressée ! Mais j'ai aussi une bonne nouvelle, pour vous et pour la fameuse fille du magasin qui a les oreilles qui sifflent : les cercles vicieux peuvent être transformés en cercles vertueux, c'est à dire en cercles de renforcement positif. Pour cela, il faut trouver les bons leviers pour agir efficacement soit sur la problématique centrale, soit sur les choix que nous faisons pour atténuer la problématique centrale. Exemple : je décide de laisser tomber les choix néfastes de chocolat et du shopping, à la place je fais 1km de course à pied. Quel est l'effet ? Je fais du sport > ça me défoule > je dors bien > je suis moins stressée du coup. Ca marche ! Je fais du sport > je perds du poids > je ne sens jolie > j'ai un truc en moins pour lequel stresser. Ca marche aussi ! Top !
A part l'analyse du comportement de vos copines, ce type de représentation est super efficace pour comprendre les modèles managériaux et organisationnels dans les entreprises : il est nettement plus juste qu'un issue analysis de base, car, en plus de montrer les liens entre les causes et les conséquences, il montre bien les liens des causes entre elles et des conséquences entre elles. 

Un autre cas d'application, celui pour lequel je m'en sers avec grand plaisir, c'est l'analyse de business mode. Je vais vous en montrer un exemple très prochainement (c'est le fameux long texte dont je parlais en début de cet article).

En attendant, les impatients sont invités à lire cet article, vraiment excellent, de Harward Working Knowledge, où j'ai découvert cette méthode, et qui, accessoirement, donne l'explication la plus intelligible que je connaisse de la différence entre la stratégie, la tactique et le business model.

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