04/07/2012

Le snobisme, la jalousie et comment s'en sortir de tout ça :)

Voici 2,5 mois que je ne travaille plus et je ne cherche pas de travail. Quand on me demande comment je me sens, je réponds "bizarre". C'est vraiment ça, bizarre. En fait ce n'est pas facile pour une workaholic que j'ai été jusque-là, et c'est d'autant plus difficile que je me dis sans arrêt que c'est ridicule d'être angoissée à ce point-là.

Et oui, je suis très angoissée.

De quoi ? De tout ! Que je ne saurais pas comment m'occuper, que je ne saurais pas retravailler après, que je deviendrais bête, que je serais en train de perdre du temps pendant que d'autres font leur carrière... Et une angoisse qui peut sembler stupide, mais qui est bien réelle pour moi : comment me présenter si je ne travaille plus ? "Qu'est-ce que tu fais dans la vie ?" - "Rien" ??? Au secours !

Qu'es-ce que c'est que ce truc ?
Voici la réponse que Google m'a apporté : Alain de Botton: A kinder, gentler philosophy of success


Ce que j'en retiens :

Problème : Notre vie est marquée par une crise de carrière sans précédent. Nous avons plus d'opportunités que jamais d'avoir une excellente carrière mais nous restons insatisfaits et constamment stressées par notre carrière

Pourquoi ? Plusieurs raisons :

1. Nous sommes entourés par des snobs (= des gens qui construisent une vision de qui nous sommes en fonction de très peu d'information dont ils disposent sur nous), et le snobisme le plus répandu est celui lié au travail (la fameuse question "Qu'est-ce que tu fais dans la vie" à laquelle, comme tout bon chômeur sait, il ne faut jamais dire "je cherche un travail" ou "je suis en reconversion professionnelle", si on veut continuer la discussion au moins pendant quelques minutes).

Résultat : la quantité du temps et in fine de l'amour au sens large, que les gens sont prêts à nous dédier, dépend fortement de notre situation professionnelle et de nos réussites, ce qui nous met vachement la pression.

2. La meritocracy suppose que ceux qui ont le merite se trouvent en haut de la pyramide - ce qui sous-entend que logiquement ceux qui sont moins méritants se trouvent en bas. Du coup pas de réussite professionnelle = personne de qualité´inférieure (cf "unfortunate" du 19e siècle vs "loser" aux Etats-Unis contemporains).

3. L'égalité des chances génère de la jalousie. On ne peut pas être envieux de quelqu'un qui est très différent (ex. la reine d'Angleterre) mais on se compare très facilement aux gens qui nous ressemblent (ex. réunions d'anciens d'écoles). Plus on est égaux, plus on a des rivaux auxquels se comparer = plus de stress pour avoir une bonne place dans la pyramide = plus de concurrence pour le temps et l'affection d'autres personnes.

Bon, pour les solutions c'étaient des choses assez classiques : se défaire des idéaux imposés par les médias et les autres et se chercher. Bon, ok. C'est toujours bien de le dire, quoi. De toute manière, comprendre une problématique me semble toujours plus important que proposer une solution :)

Deuxième vidéo, qui pour moi donne quelques réponses, est celle-ci : Nitin Nohria, Practicing Moral Humility



Moral overconfidence : nous préférons penser que nous sommes mieux que la moyenne et sur cette base nous nous permettons de juger les autres ("moi, je n'aurais jamais fait pareil")

Nous sommes tous comme ça. Or, nous faisons des trucs pas bien très régulièrement.

Deux conditions type pour faire des conneries :
1. Lorsque quelqu'un d'autre semble de prendre la responsabilité de ce que nous faisons, même si c'est bien nous qui faisons les choses (cf l'expérience de Milgram) = on donne notre responsabilité, et donc notre pouvoir à quelqu'un d'autre
2. Lorsque nous avons beaucoup de pouvoir = "The real test of person's character is to give them power" Abraham Lincoln (cf Stanford experiment et DSK)

Solution assez cool, à mon avis : quand on lit un article sur un politique ou un CEO qui a fait un truc non louable, se demander systématiquement : "Aurais-je pu faire la même chose ? Dans quelles conditions ?" Il me semble qu'en apprenant de ne pas juger les autres, très naturellement on projettera moins le jugement des autres sur nous. Ce qui fera beaucoup de bien à eux, comme à nous.

Dernière chose, liée plutôt au deuxième vidéo, est cette étude, très "américaine" dans l'esprit mais néanmoins intéressante sur le fait que l'exposition aux biens de luxe nous pousse à avoir un comportement non-ethique. Je trouve que l'étude vaut ce qu'elle vaut, notamment pour les cartes avec des paroles, mais bon, elle est signée par des gens respectables de HBS et LBS, ce qui est déjà un gage de sérieux dans notre monde de snobs :)

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