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20/07/2012

Une approche à l'éducation qui me va bien :)

Je m'intéresse à Alexei Kapterev depuis quelque temps déjà. Au début c'était juste pour voir ce que l'on dit de la production des communications (un peu mon métier, quand même) en Russie (un peu mon pays, quand même). Bon. Théorie pas super impressionnante par rapport à ce que je savais déjà, pratique... pas vraiment vu. Bon...

Après il a posté une liste des ressources sur le sujet, qui s'est avérée super intéressante avec quelques bouquins vraiment excellents (notamment Understanding Comics).

Et après j'ai vu Death by PowerPoint, qui m'a bien calmé.



Là, j'ai compris que ce monsieur russe avait pas mal de choses à m'apprendre.

Je jure toujours par le P+ comme méthode de construction de com' excellente, mais je suis de plus en plus convaincue que la forme n'est pas de la sur-qualité. A ce niveau-là, j'ai encore beaucoup à apprendre.

En fait, lui aussi, il a appris. C'est un "techy" qui s'est éduqué tout seul sur le sujet. Il en parle dans cette vidéo venue droit de Kiev.



Ce que j'en retiens :

L'éducation ciblée et la carrière linéaire sont finies (echo avec la Generation Flux) - le futur appartient à la multidisciplinarité, aux mix des compétences, on s'invente et on invente son métier. On doit donc inventer son éducation, aussi.

La meilleure stratégie, selon lui (et je suis d'accord !) : cross-pollination = s'intéresser à plein de trucs très variés autour du sujet, cet "autour" pouvant être très large.

Quelques gestes clés d'une démarche efficace d'éducation personnelle :

  • Créer un flux d'informations liées au sujet 
  • Lire, beaucoup. Il conseille des blogs plutôt que des livres, je ne suis pas d'accord (trop stérilisé), mais bon. Notamment lire beaucoup en anglais. Bonne idée : Liste de lecture + liste de relecture
  • Ecouter et regarder quand on ne lit pas (plein de podcasts excellents, Youtube, TED ...)
  • S'entrainer avec d'autres personnes, dans un groupe de pratiques. En créer un s'il n'y en a pas. 
  • Expérimenter dans la vraie vie. Essayer de faire des choses. Les compétences d'un consultant se mesure par la qualité de ses business cases
  • Partager avec les autres ce que l'on a appris
Je fais un peu de tout ça, essentiellement, pour comprendre le sens dans lequel je veux aller.
J'ai encore du boulot, c'est sûr. Mais ça me semble être une bonne voie :)

22/09/2011

Un phrase à noter au plus vite, avant que je n'oublie

If you think you're too small to make a difference, you've obviously never been in bed with a mosquito

21/06/2011

Concevoir un atelier de travail "auto-portant" : retour d'experience

Nous rencontrons un client qui cherche à se faire accompagner sur la conception et la mise en oeuvre d'un atelier de travail pour ses top-managers.

La demande est très précise :

  • 1h30 pour obtenir un feed-back et des propositions d'évolution sur 8 sujets stratégiques à discuter (en allant de l'ambition aux plans d'actions, au moins 3 niveaux de détail donc)
  • 170 participants venant de tous les pays du monde
  • 4 animateurs en tout (dont seulement 2 sont consultants)
  • Obligation de résultats présentables au comité de direction 2 jours après le déroulement.

... Ambitieux, non ?

En soi aucun de ces facteurs ne représente une difficulté extraordinaire ... mais, réunis dans le même atelier, ils constituent quand même un challenge sympa ! Les modes d'animation classiques n'y sont pas du tout applicables : 4 animateurs pour 170 personnes, ça fait beaucoup trop de monde par animateur !

Dans ces conditions, il ne reste que de faire de sorte que ce soient les participants qui assurent l'avancement de leur propre atelier. Mais comment garantir qu'ils soient en mesure de "s'auto-animer" ?

Pour y arriver, nous avons fait plein de trucs qui peuvent se résumer en un certain nombre d'étapes :

1. Simplifier le contenu
Attention, il ne s'agit pas de le modifier en profondeur, mais surtout de le rendre "digeste" en diminuant et regroupant le nombre de choses à considérer.
Nous, par exemple, avons fini par prendre que deux niveaux de réflexion (ambition - objectifs) en mode feed-back, pour travailler ensuite à partir de la feuille blanche sur les plans d'action (3 phases en tout). Quant aux 8 sujets, ils ont été repartis entre les groupes de travail (1 groupe = 1 sujet ; 1 sujet = plusieurs groupes)

2. Concevoir le cadre
Quelles activités dans l'atelier, quels modes de travail, quels livrables ?
Le client voulait faire beaucoup de choses, donc un atelier très intense : 7 activités en tout repartis entre les 3 phases ! Ceci laisse suffisamment de temps pour travailler - mais pour s'organiser, pas beaucoup!
Notre solution : donner toutes les instructions par écrit a chaque groupe dans une pochette "Inputs" et demander de ranger tous les livrables remplis dans une autre pochette, "Outputs". Ce qui produit à la fin de l'atelier un nombre des pochettes Outputs remplies égal au nombre de groupes de travail. En ce qui est timing, ils étaient guides par un timer projeté qui rappelait la phase de travail en cours et le temps restant.

3. Préparer et simplifier les inputs
Lorsque l'on reçoit tous les docs et instructions par écrit, sans explication particulière faite par une personne, on est vite perdu.
Donc : écrire certes, mais surtout simplifier, expliciter, rendre ergonomique.
Pour cela : relecture à plusieurs reprises et surtout "tests sur les cobayes", les personnes qui ne sont particulièrement dans le sujet, avec un principe tout simple : s'il y en a au moins un qui n'a pas compris de suite, on modifie (parce qu'il y en aura forcement d'autres)
L'exemple des inputs de notre atelier : V1 = 1 page de texte par activité. V2 : 0,5 pages de texte par activité. V3 : 1 page de commentaires pour 2-3 livrables selon le nombre d'activités dans chaque phase. V4 : images des livrables avec bulles de commentaires.

4. Préparer l'espace de travail
Des choses bêtes parfois : si on met les feutres derrière le chevalet avec le numéro de table, ils vont prendre des stylos bille ou des crayons papier. Si on ne range pas les pochettes numérotées dans le bon ordre, ça va être source de questions pour certains : "faut-il prendre la pochette numéro 1 ou la première dans la pile ?" etc.
Donc : bien visualiser le workflow à tout moment du point de vue du participant, "imaginons j'ai cette feuille devant moi, comment sais-je quoi en faire ?"

5. Lancer l'atelier
Il a été plus pertinent dans ce contexte-là que ce soit le client qui lance l'atelier.
Donc : préparation et répétition. Surtout répétition d'ailleurs, quitte à se faire détester par celui qui fait le discours, mais le résultat est différent. C'était Churchill, non, qui disait qu'un bon discours improvisé a été réécrit 3 fois ?

6. Faciliter
Non, si on s'est pris la tête avec les inputs, ceci ne veut pas dire que l'on peut se reposer tranquille.
Dans notre atelier nous avons prévu une pancarte "Help" pour toute précision ou incompréhension éventuelle, et en plus nous avons surveillé en permanence tous les groupes pour repérer ceux qui n'ont pas osé dire qu'ils ont des doutes, ceux qui sont en avance ou en retard, ceux qui ont besoin de quelque chose ...

Résultat : magique ! Timing tenu parfaitement, et 25 jolies pochettes garnies d'outputs de très bonne qualité. Le client est ravi, moi aussi !






S'il y avait une chose a retenir sur les modalités de l'organisation de ce type d'atelier, ce serait ceci : on ne peut pas se permettre d'avoir des supports de travail imparfaits (ou quoi que ce soit d'autre, d'ailleurs).

Toute imperfection tolérée vous reviendrait dans la figure multipliée par 150 personnes qui n'auraient pas compris, qui auraient des questions, qui râleraient... Top pour avoir un atelier vaseux et bizarre ! Donc, tout - a commencer par le plan de tables et a terminer par la numérotation des bullet points dans le powerpoint de clôture - tout doit être parfait.

Et pour cela trois mots d'ordre : la cohérence, la simplification et la rigueur. Bref, toutes les prises de tête que l'on s'impose pour ne pas les imposer aux participants.

Je sais qu'il y a plusieurs écoles dans le monde d'animation et de facilitation. Et je sais que pour la plupart d'entre elle je passerais pour une control freak psycho-schtroumpfo-rigide. Et je m'en fous.

Ce n'est pas prendre des gens pour des nuls. Ce n'est pas se méfier de l'intelligence du groupe. C'est, tout au contraire, leur temoigner de son respect en offrant un cadrage pro qui peut permet de se concentrer sur le fond avant tout, en anticipant toutes les questions qu'ils peuvent se poser et en faisant de sorte que les réponses aux questions soient intuitives au maximum.

15/05/2011

Causal loop diagram : ce que c'est et pourquoi c'est génial

Au départ j'ai voulu faire un super méga long article sur autre chose, mais après réflexion je me suis dit que le mode de représentation que je compte commenter mérite un article à part (et, accessoirement, permettra de raccourcir l'article cible), donc voilà, l'article méga long va attendre un peu :)

Alors, le causal loop diagram. A vrai dire, je n'ai pas trouvé de nom français pour cette sympathique chose, et dans des pages françaises, citées par Google, on n'en parle quasiment pas. Sur la page Wikipedia on peut trouver quelques trucs (complètement incompréhensibles, à mon sens), et c'est à peu près tout. 

Pour faire simple, c'est un mode de représentation d'un système de causes et effets, qui sont souvent fortement liés entre eux dans le fonctionnement d'une personne ou d'une organisation. Le plus simple est que je vous donne un exemple, et vous allez comprendre très vite.

Voici un modèle basé sur l'analyse du comportement des 99% des filles que je connais, moi y compris.

Ce type de présentation, même s'il est difficilement montrable au client dans un powerpoint de fin de diagnostic, peut nous fournir à toute étape de l'analyse des informations précieuses à plusieurs niveaux :

  1. Les relations entre les différents types de problématiques dans une organisation, ce qui permet d'élargir son champ de vision au lieu de se focaliser uniquement sur un coté de la problématique, comme la fille que j'ai entendue l'autre jour dans la file d'attente aux Galéries Lafayette raconter à sa copine qu'elle ne va acheter que de la taille 38 jusqu'à ce qu'elle rentre dedans, sans parler de changement d'alimentation etc
  2. La problématique centrale, qui génère tous les choix - dans notre exemple c'est, en toute apparence, un problème de stress qui déclenche les autres comportements plus ou moins malins. C'est cette problématique qui doit être traitée en priorité, car le traitement de tout le reste ne reviendrait qu'au traitement palliatif des conséquences. 
  3. La distinctions entre les choix, conscients ou inconscients, et leurs conséquences. Grossir ou trop dépenser quand on est stressée n'est pas une fatalité, c'est le choix de lutter contre le stress avec le chocolat ou les achats fait ces effets-là. Du coup on sait sur quoi on peut agir, voire même il devient possible de prédire les effets de changements. Et comme acheter de la taille 38 ne change rien à la décision d'acheter des choses, ni à la décision de manger du chocolat... je me risquerais de prédire que dans l'exemple cité l'effet sera nul ! (ou presque, soyons positifs...)
  4. Les cercles vertueux et les cercles vicieux. Dans le schéma précédent on ne voit que des cercles vicieux. Je suis stressée > je mange du chocolat > je culpabilise > je suis encore plus stressée > je mange plus de chocolat etc. etc.  A chaque itération du cycle la boucle négative renforce l'effet négatif qui l'a généré. La fille de mon exemple, fait même plus fort, elle ajoute un nouveau cycle vicieux à son mal-être : je me sens moche > je fais du shopping > je ne rentre pas dans mes nouveaux vêtements > je me sens doublement moche > etc... - et, en plus, elle va ainsi nourrir ainsi tous les autres cercles vicieux du système, car, croyez-moi, une fille qui se sent doublement moche est _hyper_ stressée ! Mais j'ai aussi une bonne nouvelle, pour vous et pour la fameuse fille du magasin qui a les oreilles qui sifflent : les cercles vicieux peuvent être transformés en cercles vertueux, c'est à dire en cercles de renforcement positif. Pour cela, il faut trouver les bons leviers pour agir efficacement soit sur la problématique centrale, soit sur les choix que nous faisons pour atténuer la problématique centrale. Exemple : je décide de laisser tomber les choix néfastes de chocolat et du shopping, à la place je fais 1km de course à pied. Quel est l'effet ? Je fais du sport > ça me défoule > je dors bien > je suis moins stressée du coup. Ca marche ! Je fais du sport > je perds du poids > je ne sens jolie > j'ai un truc en moins pour lequel stresser. Ca marche aussi ! Top !
A part l'analyse du comportement de vos copines, ce type de représentation est super efficace pour comprendre les modèles managériaux et organisationnels dans les entreprises : il est nettement plus juste qu'un issue analysis de base, car, en plus de montrer les liens entre les causes et les conséquences, il montre bien les liens des causes entre elles et des conséquences entre elles. 

Un autre cas d'application, celui pour lequel je m'en sers avec grand plaisir, c'est l'analyse de business mode. Je vais vous en montrer un exemple très prochainement (c'est le fameux long texte dont je parlais en début de cet article).

En attendant, les impatients sont invités à lire cet article, vraiment excellent, de Harward Working Knowledge, où j'ai découvert cette méthode, et qui, accessoirement, donne l'explication la plus intelligible que je connaisse de la différence entre la stratégie, la tactique et le business model.