29/01/2011

"Comment ça, je pollue ? Pourtant j'ai bien tout mis à la poubelle !"

La réponse de Caroline au billet précédent m'a inspiré pour un nouveau texte sur le même sujet : responsabilité environnementale et gaspillage. En effet, plus on en parle, plus de questions ça soulève !

C'est vrai que tout le modèle de la société de consommation nous incite à gaspiller : si on ne fait pas attention aux déchets que l'on produit à la maison, pourquoi le ferait-on davantage au travail ? D'autant plus qu'au travail la certification ISO nous dédouane de toute responsabilité !

Les démarches type ISO 14001 dans ce contexte ont presque un effet néfaste : dans l'inconscient des gens, on valorise déjà les déchets, donc on fait une bonne chose pour la planète, et en quelque sorte, plus on en fait, mieux c'est. Il faut bien que cette certification serve à quelque chose, et puis de toute façon maintenant on est certifié durable, donc on est tout bon, et si on a raté 350 photocopies, ce n'est pas grave, on les mettra dans la corbeille "papier et carton", ce sera valorisé et on remet les compteurs à zéro !

Non, je ne dis pas que ISO 14001 soit une connerie, loin de là. Mais toute seule elle ne fait pas tout, et on oublie trop souvent ça. C'est tellement rassurant de montrer le papier sur le mur et penser que sa responsabilité s'arrète là ...

Et, enfin, la chose qui m'exaspère plus que tout : tout bon patron de PME (ceci concerne moins les grandes entreprises soumises à plus de pression économique et écologique) considère de plus en plus sérieusement de se faire certifier ISO parce que ça fait bien par rapport à ses confrères - mais n'accepterait presque jamais une démarche d'optimisation de production et de réduction de gaspillages. Il vous expliquera qu'il n'a pas l'argent, il n'a pas le temps et il n'en a pas besoin ... Pas besoin de quoi ? D'économiser ses ressources pour mettre en place une démarche véritablement durable car économiquement viable ?... Cherchez l'erreur !

Un bon nouveau label d'entreprise "éco-efficace" changerait-il des choses ?

Quelles autres solutions feraient changer d'idées ces "bons patrons de PME" pour qu'ils acceptent de mettre en place une démarche véritablement responsable de réduction de gaspillages avant de valoriser les solutions palliatives ?

3 commentaires:

  1. Je vais même noircir un peu le tableau : être ISO 14001 est un objectif commercial pour présenter un avantage concurrentiel lors de la réponse aux appels d'offre. La démarche reste donc théorique, minimaliste, absolument pas intégrée, mais subi et animée par le seul responsable ISO interne qui rame tout ce qui peut pour donner un sens a cette démarche et faire de la pédagogie....
    C'est du vécu!!! ;-)

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  2. Hum, je n'ai pas vu ça avant, mais c'est vrai dans pas mal de cas: une certification ISO est en fait un véritable projet de changement sur le fond, qui suppose de changer en profondeur les manières des personnes de travailler, mais n'est ni perçu ni vécu comme tel. D'autant plus que les personnes qui sont en charge ne sont que rarement dotées du pouvoir que la mise en place d'une telle démarche nécessiterait. En plus, les compétences spécifiques au changement, à la gestion du facteur humain et culturel manquent souvent : dans la plupart des cas ce sont des responsables qualité dont le rôle est de contrôler et d'imposer, et pas de faire changer d'état d'esprit. Résultat: on trouve une liste des contraintes que l'on est obligés de respecter, mais aucune véritable démarche de préservation de l'environnement...

    Ce qui m'intéresse, c'est si nous l'avons compris, pourquoi ces chefs de PME (et pas que) n'ont pas vu ça et continuent à cramer du fric dans des projets cosmétiques, bien qu'il y aurait des choses sur le fond à faire qui leur feraient en plus économiser de l'argent?

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  3. Mon explication : parce qu'ils ont, pour la plupart des patrons de PME, des considérations économiques à court terme et pilote "le nez dans le guidon".
    Donc, comme la tendance est aux labels, et qu'ils nous faut cette certification pour répondre aux appels d'offre qui sortent en ce moment, on va se lancer dedans (sans même prendre le temps de lire le référentiel ou de s'informer sur ce qu'implique la démarche). On prend un spécialiste "parce qu'il le faut", et on lance le truc.
    Les couts indirects ne sont pas pris en compte (sauf à la fin pour dire que la qualité coute cher...)

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