27/01/2012

Théorie des organisations.... appliquée !

Bon, en gros, c'est simple.


Des organisations qui fonctionnent, il y en a de deux sortes. Des "mécaniques" et des "organiques".


Les "mécaniques" sont celles dont on entend le plus souvent parler.
Ce sont des entreprises établies qui fonctionnent comme des mécanismes plus ou moins complexes et/ou  parfaits. Chacun connaît son rôle, ses droits à valoir et devoirs à accomplir, les process à respecter et les objectifs à remplir.  
Ces entreprises sont régies par des normes ISO, des organigrammes et des fiches de postes. Elles sont rationnelles, compréhensibles et analysables. Les études de cas dans des business schools, la recherche universitaire et les manuels de stratégie, de management et d'autres disciplines business sont construites par et pour les entreprises "mécaniques".
Les "organiques", c'est toute une autre histoire.
Ce sont des "boîtes à l'esprit startup", comme elles aiment bien dire. Cet "esprit startup" dissimule souvent un bordel joyeux, où chacun ne fait qu'à sa tête. Le système existe, certainement ... en tout cas on suppose qu'il doit exister quelque part, parce que sinon qu'est-ce qu'ils feraient ensemble, tous ces gens qui font des trucs sans un lien apparent, chacun dans son domaine d'intérêt (parfois, d'ailleurs, n'ayant rien à voir avec ses domaines de compétences) ? 
Et les équipes ? Malgré toute leur motivation et énergie, tôt ou tard elles s'épuisent à chercher des repères dans un monde qui n'en a pas, perdues dans ce "giant hairball", comme l'a appelé Gordon McKenzie dans son excellentissime livre (que je vous conseille d'ailleurs très vivement)
Voilà. Aussi simple que ça. 


Y a des types mixtes, sûrement, mais in fine ils se raccrochent tous à une de ces deux extrémités. 


Bon, allez. 


Je vous ai raconté du n'importe quoi. 


Si, si. 


Tout ce que j'ai écrit avant était du bullshit. Du bullshit très à la mode, certes.
C'est ce qu'on nous fait croire dans les bouquins de management, les conférences avec des gens intelligents et d'autres médias : 
"Il y a des organisations bien maîtrisées et celles en cours de prise de contrôle. Etre bien structuré et organisé est l'état ultime d'une entreprise performante qui fonctionne comme une horloge. Un bon gestionnaire a comme objectif d'apprendre à maîtriser, ranger, contrôler... "
Les entreprises mécaniques n'existent pas. L'entreprise mécanique est une invention des auteurs des bouquins à la con et une illusion des dirigeants qui aimeraient bien croire que c'est comme ça que ça marche.


Toute organisation est une entité organique, donc vivante. 
Qui dit vivante, dit corrélation d'éléments et de forces extrêmement complexe en en évolution permanente et non-linéaire, où chaque élément est à la fois élément fondateur de l'ensemble et une entité à part avec ses propres intérêts et modes de fonctionnement. 
Rien que ma phrase précédente fait flipper, vous imaginez ce que ça fait de s'en rendre compte sur sa propre organisation ? Ce n'est pas du tout étonnant que plein de personnes ont choisi de ne pas le voir !  
Plus exactement, une entreprise mécanique est une organisation vivante qui est gérée comme si elle était mécanique. 


Faut-il dire à quel point c'est désastreux ?
Un jour j'ai interviewé des salariés d'une PME en conflit avec le patron qui essayait de les manager par les fiches de postes et des procédures. Si une procédure n'était pas appliquée, il ajoutait un protocole complémentaire pour vérifier l'application de la procédure. Puis un processus pour vérifier le protocole. Puis une sanction salariale. Puis l'élargissement de la sanction sur l'ensemble des salariés. Il ne comprenait vraiment pas pourquoi la procédure n'était pas appliquée et, de plus, les collaborateurs n'étaient pas heureux ...
Une autre fois un client a demandé de l'aider à définir les indicateurs pour son tableau de bord. Vous savez comment ? En faisant la liste de tous les indicateurs existants dans le Groupe (oui, oui, cette fois-ci c'était un groupe international) pour en choisir ceux qui vont bien. Tout en refusant en bloc toute tentative de définir d'abord la vision, au moins à court terme. Pour quoi faire, en effet ?..
Une grosse entreprise lance une étude pour booster son modèle d'innovation. Culturellement on y constate une aversion très forte à l'échec, donc une peur bleue de prendre des initiatives et la responsabilité. Pour éviter de décider, on multiplie les instances de contrôle et des comités : sans la décision des plus hautes instances rien ne se fait... Tout ceci dans une perspective à très court terme où la seule grandeur est le cash produit, même là où on ne maîtrise pas les leviers d'actions (encore plus rassurant, quoi !)... bon, c'est un détail, tout ça, non ? Conclusion du consultant (pas nous) : réorganiser 3 entités et changer de process ... 
Un mécanisme est fait pour fonctionner, pas pour évoluer, ni s'adapter, ni croître. Ce sont les caractéristiques des êtres vivants. 
Y a-t-il besoin d'expliquer en quoi c'est une connerie de chercher à fonctionner comme une machine et espérer croître comme un organisme vivant ? Ou de dire combien d'entreprises essaient de le faire en ce moment précis ?
La vie est une force énorme. Mais aussi une force complexe, incontrôlable, qui fait peur. 

Les dirigeants sont terrifiés par la vie. Ils déploient des efforts inhumains pour la bloquer, contrôler, limiter, maîtriser. 90% du HBR parlent de ça. 90% de la littérature professionnelle cherche et propose des solutions pour le faire.


Et que fait la vie ? La vie va chercher des issues ailleurs ...



1 commentaire:

  1. Que du bon sens l
    Comme on dit dans mon entreprise : "Le bon sens à de l'avenir", puisqu'il est quasiment inéxistant dans l'entreprise.

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