01/02/2012

Théorie des organisations appliquée 2, ou Pourquoi on fait ce que l'on fait et on ne fait pas ce que l'on ne fait pas

Comme on a dit la dernière fois, la différence entre une entreprise "organique " et une entreprise "mécanique" se trouve surtout dans la manière dont elle est managée
Plus on prend les équipes pour des rouages remplaçables vouées à remplir les objectifs décidés par quelqu'un, plus on se rapproche de l'approche mécaniste - rassurante, certes, mais pas très durable à moyen terme. 
L'approche "organique", en revanche, est plus difficile à appréhender et à rendre opérationnelle ... mais bon, les choses les plus complexes sont aussi les plus marrantes, non ?
Un mécanisme a pour objectif de fonctionner, un organisme - rester en vie. Cette différence fondamentale structure tout le reste, et notamment la manière dont chacun appréhende l'énergie et les ressources.
Pour fonctionner, un mécanisme a besoin de l'énergie. C'est toujours une énergie externe, imposée, dont il es dépendant : du pétrole, de l'électricité, la remontée pour une montre mécanique, une pile ; des investissements et des emprunts avec des agences de notation ; des salaires et des bonus ou, au contraire, des obligations et des punitions ...  
Tout être vivant a, lui aussi, besoin d'au moins d'autant d'énergie. Parce que pour survivre, il faut faire des efforts. Chercher de la nourriture, transformer les éléments organiques et les minéraux de la terre, s'occuper des clients, s'adapter, se remettre en cause et innover ... Tout cela n'est pas toujours le truc le plus marrant du monde à faire (quoi que!), mais c'est la condition pour pouvoir continuer à le faire demain. 
Vous voyez la différence ?

Economiser l'énergie et essayer de faire le max avec un minimum d'efforts ("Nous devons  fournir 8M de cash à nos actionnaires") VS ne pas compter les efforts pour avoir de quoi vivre demain !..

Je ne sais pas pour vous, mais moi je trouve ça déjà énorme comme changement de perspective !

Mais ce n'est pas tout encore.

Disons que les entreprises "organiques" acceptent que l'on peut investir beaucoup d'efforts dans sa survie actuelle et surtout future - une sorte de survie pour la survie. Il y a comme une envie de chaque élément du système de trouver les moyens de subsistance pour le futur. 

Chaque cellule d'un corps vivant vit avec cet objectif de survie pour demain. Elle sait très bien qu'elle contribue au bien-être du corps global pour que, lui, puisse contribuer au bien-être de la cellule, a minima parce qu'ils se porteront moins bien l'un sans l'autre. Tout ceci est aussi vrai pour les organisations vivantes qui s'assument.

On est bien d'accord, ce qui fait surtout avancer les cellules (et les gens !) n'est pas de la gratification ou de l'énergie externe.

Et si ce n'est pas ça, c'est quoi alors ?..

L'AMOUR. 

Je suis sérieuse.

Tout être vivant est porté par l'amour. 
Si on cherche encore à vivre et à survivre, c'est parce que nous aimons ça. Si nous mangeons ou faisons l'amour, c'est parce que c'est bon pour nous et parce que nous aimons ça.  
C'est la base de toute motivation intrinsèque. C'est la base de la vie. C'est la base de la guerre des post-its.
Et c'est la base du travail dans les entreprises "organiques" qui s'assument.

"Je m'investis dans mon travail et ma boîte PARCE QUE JE L'AIME et parce que je veux que ça continue de vivre".


C'est ÇA, l'énorme différence entre le vivant et le mort.

L'amour. Mais oui.

Vous vous rappelez peut être des "leaders historiques" ?
Je travaille en ce moment avec un "petit", mais vrai, "leader historique sur son marché". Je suis convaincue que eux, ils vont s'en sortir. Parce que je vois les gens qui sont passionnés par ce qu'ils font, qui aiment leur boîte et qui ont vraiment envie qu'elle s'en sorte. Ils ne sont que 150, mais ils s'investissent à fond pour la "dépoussiérer", la rendre belle, renouveler la gamme de produits, booster les commerciaux. Même le DRH et le directeur financier - les services support par excellence ! - proposent de nouvelles offres et cherchent les moyens de les mettre en place. Ils cherchent à faire vivre leur entreprise, et pas "fonctionner de manière efficace". 
Quand, en revanche je vais chez ce gros mastodonte de télécom, j'ai l'impression de me promener dans les entrailles d'un mammouth mort. Ils ont une marque très cool, mais pas grand-chose au-delà. S'ils ne font pas quelque chose très vite, ils vont disparaître, pas tout de suite, mais après plusieurs années d'agonie et de maintien en vie artificiel, certainement. Leurs propres salariés ne les aiment pas. Si les gens travaillent uniquement pour un salaire, faut-il s'étonner que personne n'innove ? Pourquoi prendre les risques dans une logique mécaniste où chaque élément cherche à préserver le fonctionnement en minimisant des efforts ?
Vous dites, une telle énergie est possible que dans des start-ups et les PME ? Then what about Google and Apple ? Ou Free, qui récupère tout le capital de sympathie que les 3 grosses marques n'ont jamais cru utile de développer ? 



(P.S. Notez la passivité des employés d'Orange devant des gens qui rentrent dans la boutique pour se filmer en train de chanter leur amour pour un concurrent)

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